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Guillaume Apollinaire (de Kostrowitzky) poèmes choisis

dim. 07 sept.

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Paris

Heure et lieu

07 sept. 2025, 11:00

Paris, France

À propos de l'événement

Guillaume Apollinaire

Adieu – Poèmes à Lou

L’amour est libre il n’est jamais soumis au sort O Lou le mien est plus fort encor que la mort Un cœur le mien te suit dans ton voyage au Nord

Lettres Envoie aussi des lettres ma chérie On aime en recevoir dans notre artillerie Une par jour au moins une au moins je t’en prie

Lentement la nuit noire est tombée à présent On va rentrer après avoir acquis du zan Une deux trois A toi ma vie A toi mon sang

La nuit mon cœur la nuit est très douce et très blonde O Lou le ciel est pur aujourd’hui comme une onde Un cœur le mien te suit jusques au bout du monde

L’heure est venue Adieu l’heure de ton départ On va rentrer Il est neuf heures moins le quart Une deux trois Adieu de Nîmes dans le Gard

Nîmes, le 5 février 1915

Au Lac de tes yeux (Poèmes à Lou)

Au lac de tes yeux très profond Mon pauvre coeur se noie et fond Là le défont Dans l’eau d’amour et de folie Souvenir et Mélancolie

Aquarelliste - Alcools

À Mademoiselle Yvonne M…

Yvonne sérieuse au visage pâlot A pris du papier blanc et des couleurs à l’eau Puis rempli ses godets d’eau claire à la cuisine. Yvonnette aujourd’hui veut peindre. Elle imagine De quoi serait capable un peintre de sept ans. Ferait-elle un portrait ? Il faudrait trop de temps Et puis la ressemblance est un point difficile À saisir, il vaut mieux peindre de l’immobile Et parmi l’immobile inclus dans sa raison Yvonnette a fait choix d’une belle maison Et la peint toute une heure en enfant douce et sage. Derrière la maison s’étend un paysage Paisible comme un front pensif d’enfant heureux, Un paysage vert avec des monts ocreux. Or plus haut que le toit d’un rouge de blessure Monte un ciel de cinabre où nul jour ne s’azure. Quand j’étais tout petit aux cheveux longs rêvant, Quand je stellais le ciel de mes ballons d’enfant, Je peignais comme toi, ma mignonne Yvonnette, Des paysages verts avec la maisonnette, Mais au lieu d’un ciel triste et jamais azuré J’ai peint toujours le ciel très bleu comme le vrai.

Chevaux de frise

Pendant le blanc et nocturne novembre Alors que les arbres déchiquetés par l’artillerie Vieillissaient encore sous la neige Et semblaient à peine des chevaux de frise Entourés de vagues de fils de fer Mon cœur renaissait comme un arbre au printemps Un arbre fruitier sur lequel s’épanouissent Les fleurs de l’amour

Pendant le blanc et nocturne novembre Tandis que chantaient épouvantablement les obus Et que les fleurs mortes de la terre exhalaient Leurs mortelles odeurs Moi je décrivais tous les jours mon amour à Madeleine La neige met de pâles fleurs sur les arbres Et toisonne d’hermine les chevaux de frise Que l’on voit partout Abandonnés et sinistres Chevaux muets Non chevaux barbes mais barbelés Et je les anime tout soudain En troupeau de jolis chevaux pies Qui vont vers toi comme de blanches vagues Sur la Méditerranée Et t’apportent mon amour Roselys ô panthère ô colombes étoile bleue Ô Madeleine Je t’aime avec délices Si je songe à tes yeux je songe aux sources fraîches Si je pense à ta bouche les roses m’apparaissent Si je songe à tes seins le Paraclet descend Ô double colombe de ta poitrine Et vient délier ma langue de poète Pour te redire Je t’aime Ton visage est un bouquet de fleurs Aujourd’hui je te vois non Panthère Mais Toutefleur Et je te respire ô ma Toutefleur Tous les lys montent en toi comme des cantiques d’amour et d’allégresse Et ces chants qui s’envolent vers toi M’emportent à ton côté Dans ton bel Orient où les lys Se changent en palmiers qui de leurs belles mains Me font signe de venir La fusée s’épanouit fleur nocturne Quand il fait noir Et elle retombe comme une pluie de larmes amoureuses De larmes heureuses que la joie fait couler Et je t’aime comme tu m’aimes Madeleine

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