A L'OUEST DE L'HORLOGE
Combien de fois n’ai-je pas pressenti le mirage cotonneux
de mes attentes pousser le rêve vers l’éphémère !
Pour être utile à la vie mouvante : ne dors jamais en ayant
le crâne happé par la sphère céleste
Ce n’est qu’une fois allongé sur une structure terreuse et
étale que tu pourrais parapher ton propre psaume
Tu ne viens au monde que pour questionner l’absurde qui
ne te donneras que quelques bribes de réponses
Combien de fois n’ai-je pas décrit l’aspect nostalgique de
mes rêves grillagés à ces oiseaux voyageurs !
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Je préfère peindre avec les mots et dire les choses comme
font les cailloux lancés dans l’eau
C’est aux abords du Nord magnétique de la boussole que
le ventre de ma mère avait décidé un jour de faire débouler
ma carapace
Cependant : j’ai toujours vécu à l’ouest de l’horloge afin
d’admirer au mieux le coucher du soleil
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Laisse à tes sens récepteurs le soin de te guider à leur
guise vers ce dont tu ne cesseras jamais d’ignorer la teneur
L’important c’est de faire croire à L’Inconnu que tu
ignores absolument et sa technique et sa tactique
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Les oxymores de ton existence mimée font partie
intégrante de la physiologie structurelle de ton errance grammaticale
Heureux celui qui fut chasseur mais qui eût banni
la chasse et qu’il soit béni à jamais tout être qui sauve une brindille
Heureux celui qui put visiter le cœur de l’autre
pour qu’à jamais il y restât
Heureux celui qui sut éviter de jouer aux cartes
avec les suppôts de Satan et de faire commerce
avec un traître ou un espion
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Ta vie semble sommeiller – durant les saisons de l’attente – sous
un olivier sans âge dont l’allure porte les stigmates du gris moiré
Si la lenteur avait une couleur cela serait le noir irisé à demi teinte
Lorsque tu te trouves calfeutré aux fins fonds de ton impatience
sache donc de façon évidente que ton voyage existentiel est devenu la
copie conforme d’un produit sous-vide
Combien de fois n’ai-je pas vu le temps se pavaner à pas
tangibles – durant les saisons de la douleur – à travers la mollesse aux mille gerçures !
L’idéal est que tu puisses toujours dormir là où le sommeil
se montre à toi à visage découvert
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L’attente et la lenteur sont des sœurs jumelles qui
s’habillent et rient de la même façon et font leurs
devoirs scolaires ensemble
Le froid et la paresse présentent les mêmes similitudes :
l’un ressemble à une vie sans rêves et l’autre aux longues nuits polaires
Combien de fois n’ai-je pu me heurter aux hiatus
éloquents – qui ne respectent en rien ni ton désarroi
ni ta controverse – là où le cordage de l’attente était
solidement tressé en filaments de polypropylène poussant à l’asphyxie
Attendre à la marge de l’impatience fait malheureusement
partie de l’élision existentielle
L’insolite y est pour beaucoup quant aux changements
notables qui pourraient perturber les cours des choses
L’Inconnu est une main géante qu’aucune diatribe
ne peut faire trémuler
Comme c’est apaisant de contempler le soleil se
coucher à travers les rêves bien orangés d’une
montagne ou d’une eau calme émaillée de flamants roses !
Que le ruisseau de ta patience te donne matière à réfléchir
et non pas des combinaisons encellulées – telles les
velléités – sous atmosphère modifiée
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Je suis celui qui dis ceci : plus que quiconque j’ai connu le
mal de mer que provoque – en le cœur – ce 2 amalgames :
l’attente et l’impatience
Toutes les saveurs – non décelées – dont pourrait
traduire l’umami japonais sont présents dans ce qui vient d’être dit
C’est lorsqu’elles sont invariablement pétries dans
l’immuable inertie que ton espoir et tes souhaits
deviennent un vœux pieu
Faire les louanges du levé du jour n’a jamais été un
choix – en ce qui concerne les oiseaux – mais bel et
bien une évidence et un saint-devoir
Voir le reflet du jour scintiller dans le bol d’eau
fraîche de mon chat est pour moi un signe
attestant que le beau temps est de l’autre côté de la fenêtre
Le chat fait toujours semblant de réfléchir à notre place
Sois fier tels le sont les félins et ne mendie jamais
ni ton sort ni tes cigarettes de tous les jours
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